Agoraphobie ou la Lettre à Thérèse
A l’époque, il y a huit ans, je croyais qu’elle avait été agressée. Aujourd’hui, j’ai compris. Ce n’était pas ce genre d’agression.
Thérèse ne sortait plus. Sa mère lui faisait ses courses et la psy venait chez elle. J’étais à cent lieues, à mille lieues de décrypter sa souffrance d’alors. Aujourd’hui, je sais.
On ne naît pas agoraphobe, on le devient.
Le résultat d’une lente usure due à un rythme de vie effrénée sans moment à soi, sans arrêt sollicitée par les autres, sans arrêt à aider les autres, sans arrêt critiquée, parfois injuriée par des gens qui feraient mieux de raser les murs. Son bureau n’avait pas de porte et donnait direc tement sur le guichet. Les clients n’avaient qu’à faire demi-tour pour se retrouver devant elle ….et doléances et doléances comme si elle était Dieu ou magicienne. Des allers-retours Compiègne. Seule avec un grand adolescent…
Je considère quand même que ce sont des agressions, multiples et répétées. Combien de graves maladies, combien de dépressions sont-elles engendrées par ces phénomènes ?
Ma toubib s’inquiète parce que je ne sors pas. Fermer les volets côté rue ou aller jusqu’à la boîte à lettres me coûte, lui disais-je jeudi. Cette semaine où Dominique accompagnait le cercueil de son frère en Corse, il a bien fallu que je sorte faire les courses. Mais comme les gens me saluaient et me disaient quelques mots, j’étais contente. Mais ensuite, je marchais vite pour rentrer.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche et puisque mon esprit ne veut plus jouer avec les mots, je retourne à mes cours de graphisme.
Carpe Diem.